You want me ? Fucking well come and find me ✖ JENSEN & CALLUM

‘‘ **Jensen C. Meadway** ’’

Moi, ma clope, la nuit : tiercé gagnant ! Il doit être quoi vingt-trois heures trente à tout casser et pourtant, je suis encore en train de vagabonder dans les rues de la ville en pleine nuit. Ce qui est bien quand vous êtes un démon indépendant qui n'a de compte à rendre à personne, c'est que vous pouvez faire ce que vous voulez quand ça vous chante. Où je vis ? Bonne question. Souvent je redescends en enfer ou alors, je dors sur mon lieu de travail. Mon patron ne le sait pas bien sûr. C'est un type plutôt cool quand on y pense. Il ne pose pas de questions, il me paie et n'essaie pas de me faire la conversation. Je ne demande rien de plus et tout va bien dans le meilleur des mondes. Néanmoins, je vais peut-être prendre un appartement, un vieux truc miteux mais au moins le minimum pour ... m'offrir plus de possibilités dans cette fameuse vie humaine que je suis censée mener aux yeux de tous ? De toute façon je squatte aussi chez quelques personnes mais là encore, disons que c'est tout un truc et ... ouais faut vraiment que je prenne un appartement pour simplifier les choses. Mes géniteurs diraient que c'est une faute, que je deviendrai plus humain mais ils ne comprennent pas grand chose. Et c'est eux de toute façon qui ont voulu que je m'infiltre chez les humains, de quoi ils se plaignent ?

Je continue ma balade nocturne. Ce genre de moment, c'est le pied. En ville y a presque personne, faut dire qu'il ne fait pas chaud en ce moment la nuit. Ma bouche laisse échapper des volutes de fumée. Cette ville est différente la nuit. Elle a quelque chose de plus sauvage et de plus inquiétant surtout. Il peut se passer des choses à San Francisco entre huit heures du soir et huit heures du matin ... et souvent, notre domaine de prédilection -comprenez par là le Mal- y est souvent pour quelque chose. La nuit et l'obscurité sont notre terrain de jeux. En pleine nuit, on peut être qui on veut et mener une vie différente, ça à quelque chose de grisant je trouve. Enfin allez dire ça à l'homme d'affaire qui va au Dickson alors qu'il a une femme et trois gamins. Les humains ne sont pas mieux qu nous, pourquoi on s'emmerde encore à les garder sur cette Terre ?

Je continue à marcher et à tirer sur ma clope quand soudain, le sentiment d'être observé s'installe progressivement dans mon esprit. Ca vient de l'instinct et quand vous êtes entraîné depuis toujours à être un chasseur, théoriquement vous l'avez. L'instinct sert aussi à repérer quand vous être suivi, par exemple et là c'est le cas. J'en mettrais ma main à couper que c'est le cas. Mais j'ai continué de marcher, d'un pas normal qui ne montre aucune différence. Franchement, vu ce que je suis, je ne suis pas du genre à avoir peur de quelqu'un qui se cache dans le noir pour me filer. Mon esprit évalue toutes les possibilités. Un démon ? Pourquoi toute cette théâtralité ? Pourquoi pas me descendre dès le début ou venir m'affronter face à face, que je lui présente Hadès ! Un être bénéfique ? Là encore pourquoi toute cette scène de filature ? Un humain ? Franchement, quel humain pourrait avoir envie de me suivre ! Merde quoi je voulais uns soirée tranquille, pas jouer à James Bond. J'ai continué de marcher. L'autre derrière moi qui se croit discret aussi. Bon sang je reconnais ce pas ... On arrive dans une ruelle déserte et mal éclairé et avant de m'y engager, je vois. Le rétroviseur d'une voiture garée sur le trottoir l'a trahi. Un sourire étire mes lèvres mais en même temps, ma mâchoire se sert, comme à chaque fois que je pense à lui. Putain à quoi il joue ? Inspecteur Gadget ? Si c'est comme ça qu'il chasse les démons ça fait peur ! Alors en tournant dans la ruelle et après quelques pas, j'ai lancé assez fort pour qu'il m'entende mais sans pour me retourner pour autant « La discrétion est une qualité première chez toi ou c'est inné ? Non parce que je me demande comment tu ne t'es pas encore fait tuer par un démon sinon ... On ne t'a jamais dit que suivre les gens était mal poli ? » Et là uniquement, je me suis retourné d'un air nonchalant, pour pouvoir le contempler de face, ce qui est quand même beaucoup mieux .... hum.

‘‘ **Callum Jenkins-Dawson** ’’

Callum se déplaçait le plus silencieusement possible derrière une silhouette sombre qui marchait dans les ténèbres de la nuit. Un individu démoniaque, que le jeune sorcier filait depuis quelques minutes maintenant. Retrouver sa trace n'avait pas vraiment été simple. Callum cherchait depuis quelques jours maintenant un moyen pour localiser un démon, un homme qu'il connaissait depuis un moment. Un démon qui occupait son esprit sans discontinuer. Le sorcier détestait le fait de posséder l'image narquoise de ce type dans sa tête, sans qu'il ne puisse se résoudre à l'oublier. Il en avait discuté avec son être de lumière et la conclusion avait été prévisible. Il devait le faire partir de sa vie. Mais avant tout, il devait le retrouver pour lui expliquer le fond de sa pensée et lui dire de lui lâcher la grappe. Callum était motivé, il n'allait pas abandonner sa lutte et il se préparait déjà à combattre le démon si cela pouvait lui redonner sa liberté. C'est pour ça qu'il suivait le jeune homme, dans le but de le prendre à part. Il avait réussi à trouver une vieille formule qui consistait à localiser quelqu'un qui ne quittait pas votre tête. La formule qui semblait avoir été créée pour lui. Son attitude était sans doute trop dangereuse et Marie n'aurait sans doute pas cautionné son comportement, mais le mal était fait. Il était vingt-trois heures trente et le blond se trouvait en plein coeur de San Francisco, avançant dans les ombres malfaisantes. La nuit, tout un tas de créatures se délectaient du noir pour imposer leur joug démoniaque. Cependant, Callum n'était certainement pas là pour leur remonter les bretelles. Sa cible prioritaire restait Jensen, ce garçon charismatique qui avait réussi à le rendre faible. Le jeune sorcier n'était pas amoureux de son adversaire, mais lorsqu'il s'était réveillé au lendemain de leur nuit d'amour -ou de baise, c'est selon- un sentiment étrange s'était emparé de son corps. Le démon était peut être terrifiant mais durant cette nuit, il avait été adorable. Aussi adorable qu'un démon pouvait l'être. Callum ne comprenait d'ailleurs pas comment un individu de son type pouvait entreprendre des relations avec un sorcier alors que cela était formellement interdit aussi bien par les êtres bénéfiques que les êtres maléfiques. Si Marie avait été compréhensive, il n'imaginait pas l'autre tout raconter aux démons. Pour sur, cela signifierait sa mort, assurément. Ce n'était pas comme si cette nuit avait été un accident. Jensen avait provoqué cette rencontre. Il aurait pu tuer Callum, il aurait pu abuser de sa confiance dès le début et pourtant, il avait sagement attendu d'être tranquillement près de lui pour coucher avec. Le sorcier restait mitigé sur ce fait. Il n'avait pas détesté sentir le corps du démon vibrer contre le sien, mais il répugnait l'idée d'admettre qu'il avait aimé cela. Penser cette idée ridicule aurait donné encore plus d'importance que ce que le démon méritait.

Callum commençait à angoisser légèrement lorsque les pas de sa cible le portèrent dans une ruelle sombre et glauque. Bien entendu, l'autre ne pouvait pas marcher dans une allée éclairée comme en plein jour, porté par les cris des oiseaux et des gentils petits lapins gambadants au sol ? Non, lui, il fallait qu'il se promène dans un endroit complètement désertique et flippant, logique pour un démon en somme. Le garçon agita sa tête de gauche à droite, comme s'il trouvait son attitude stupide. Il ne pouvait même pas se téléporter si les choses tournaient mal. Oh, bien sur, il possédait son pouvoir de projection mentale, mais se téléporter lui demandait de la concentration qu'il ne possédait pas lorsqu'il était près de Jensen. Curieusement, Callum semblait privé de tout bon sens quand l'autre était dans les parages. Et merde. Il était grillé. Le démon savait qu'il était derrière lui. Qu'il était con ! Le sorcier pensait vraiment qu'il pouvait suivre ce genre de type sans se faire repérer ? C'est inné. Je tiens ça de ma mère. Sa mère. Elle lui manquait tellement dans ce genre de situation. Billie était un peu comme lui. Fougueuse, impulsive et téméraire. Peut-être trop d'ailleurs. Et tout comme lui, sa discrétion restait légendaire. D’habitude, je n'espionne pas les démons. Je préfère les tuer. Un grain d'insolence pour trois grains de folie. Se montrer insolent et narquois envers un démon sans doute plus puissant que lui n'était pas vraiment conseillé. Callum restait confiant cependant. Premièrement, leur premier duel s'était conclu sur un match nul. Jensen n'était peut-être pas aussi fort que lui tout compte fait. Deuxièmement, qui coucherait avec quelqu'un pour le tuer ensuite ? A part les mantes religieuses, bien entendu. C'est pourtant toi qui a commencé à me suivre je te signale. Et puis le démon se retourna. Fier, nonchalant et majestueux. Le coeur de Callum effectua un bond dans sa poitrine. Ou peut-être était-ce son estomac. Le jeune sorcier ne parvenait pas à quitter son regard, si hypnotique, si charmeur. Il savait qu'il jouait un jeu dangereux. Il savait clairement que l'autre pouvait faire ce qu'il voulait de lui. Si Jensen lui proposait de coucher à nouveau avec lui, pour sur qu'il ne dirait pas non. Et ça, ça l'effrayait plus que tout. Refaire deux fois la même erreurs ? Cap. Si Callum ne quittait pas le démon des yeux, il restait tout de même prudent. Au moindre geste trop brusque de son adversaire, sa télékinésie s’élèverait de suite. A bon entendeur. La voix de Callum s'éleva dans les airs, une voix qu'il désirait forte et autoritaire. Fail. Il tremblait, de peur ou autre, il ne savait pas vraiment. Je veux que tu disparaisses de ma vie. Ses yeux se levèrent au ciel. Je sais que c'est moi qui te pourchasse ce soir, mais c'est juste pour te dire ça. Il marqua une pause. En parlant de politesse. Tu crois que c'est poli d'abuser de la faiblesse de quelqu'un pour l'abandonner ensuite sans dire au revoir ? Si le jeune sorcier lui reprochait d'être parti comme un voleur au lendemain de leur nuit ? Exactement. Cela n'était pas un comportement approprié et il se sentait vraiment mal par rapport à ça. C'est ça ton délire ? Tu joues avec les gens pour continuer ta vie après ? Je trouve ça dégueulasse. Callum lançait des éclairs par ses yeux. Si son regard était un revolver, Jensen venait de se prendre trois balles en pleine face.

Je suis désolé, j'ai pas pu résister de répondre, j'espère ça te plaira

‘‘ **Jensen C. Meadway** ’’

Je suis à San Francisco depuis mes onze ans et pourtant, je me sens très éloigné de toute cette vie. Certains démons s'y sont essayés. Ils ont voulu infiltrer la vie humaine et au final, ils se sont faits absorber par toute cette normalité, désirant mener une vie tranquille et sans histoires. Mais même après neuf ans, je ne me suis jamais senti aussi éloigné d'eux. Pas question pour moi de faire ce coup là. Je suis fait pour être un démon, c'est même la raison pour laquelle j'ai été conçu. Je ne sais rien faire d'autre. A part réparer des bagnoles bien sûr, mais ça c'est autre chose. Néanmoins, il est vrai que la vie humaine a certains plaisirs plutôt agréables, impossible de le nier. Faut dire que les humaines sont assez ... charmantes. Bref. J'ai passé en revu le programme de demain. Mes horaires au garage, un maximum de temps en enfer, tuer un ou deux innocents ... tout ça me semble bon ! Journée ordinaire pour un mec presque tout autant ordinaire hein ? J'ai tiré une nouvelle fois sur ma cigarette. Rien que pur ça, la vie humaine me manquerait trop si jamais je devais à nouveau retourner une durée indéterminée en bas. Enfin, devoir ... Qui pourrait bien m'ordonner quelque chose aujourd'hui ? Ça fait bien longtemps que plus personne ne me donne d'ordre.

Raison pour laquelle je peux faire ce que je veux. Raison pour laquelle si je veux m'occuper de gueule d'ange, je le fais. N'empêche, quand je l'ai vu essayer de me filer dans le rétroviseur, j'ai vraiment failli éclater de rire. Ils ont vraiment du mal ces êtres bénéfiques ! Qu'ils laissent la filature aux véritables prédateurs qui sont surs d'atteindre leurs proies ! Enfin peut-être pas tous mais la majorité. Finalement, ce début de nuit promet d'être plus intéressant que prévu, même si je dois avouer que le voir me prend par surprise. Qu'est ce qu'il peut bien chercher en me suivant ainsi ? La confrontation ? Callum Jenkins serait-il devenu suicidaire ? « C'est inné. Je tiens ça de ma mère. » J'ai failli lui répondre que si c'était vraiment le cas, Billie Jenkins ne devait pas être une aussi grande sorcière qu'on le dit ! Mais j'ignore pourquoi je me suis retenu. Pourtant ce n'est pas l'envie de le voir énerver qui me manque parce que, ayant faire quelques recherches sur lui, je connais très bien sa situation familiale. Papa qui trompe maman et qui part avec sa maîtresse ... comme c'est triste. J'aurais de la peine si je pouvais. Gueule d'ange se plaint de son père mais s'il voyait le mien ... ça ferait passer le sien pour un bisounours. J'ai continué à avancer sans me retourner, histoire de faire durer le suspense. Comme si ... comme si je me fais languir moi-même de voir sa tête. « D’habitude, je n'espionne pas les démons. Je préfère les tuer. » A sa réplique, un sourire étire mes lèvres encore une fois. Il essaie de me foutre la trouille où je me trompe ? Non mais c'est bien que ce soit lui qui soit venu chercher les ennuis, ça me donne une excuse pour l'abîmer un petit peu si jamais il me cherche trop. Toujours un rictus amusé aux lèvres j'ai répondu. « C'est le moment où je suis censé partir en courant en tremblant de peur, c'est ça ? » Je suis curieux de savoir comment il va s'y prendre si c'est le cas. Je tire une dernière bouffée de ma clope avant de la laisser tomber par terre et d'en écraser le bout avec mon pied. Le tout sans le quitter des yeux. La vérité ? La vérité c'est que je suis aussi paumé que lui sur ce qui s'est passé l'autre nuit, seulement, je suis plus doué que lui pour donner l'impression que je m'en fous totalement.

« C'est pourtant toi qui a commencé à me suivre je te signale. » Aah Jenkins. Sur ces mots je me suis donc retourné, ayant hâte de voir la tête qu'il ferait et je n'ai pas été déçu. Il n'a pas changé depuis l'autre soir ... hum. Malgré moi, tout me revient en pleine face mais rien ne passe sur mon visage pour autant sur le sujet. Les sentiments sont des choses tellement inconnus pour moi que je n'ai aucun mal à faire ça. A rester neutre, froid. Même pour un tel sujet qui me perturbe pourtant. « Tu veux me faire un procès peut-être ? Et puis qui dit que je te suivais l'autre soir ? J'avais peut-être juste envie de m'amuser ... au P3 pour changer. Crois-le ou non t'es pas le centre du monde Jenkins. » Pas crédible mais je m'en fous. Aller m'amuser au P3 n'est pas vraiment mon truc, il doit s'en douter. Bien sûr que je l'ai suivi ce soir là. « Tout le monde sait que vous êtes tous au P3 le soir en plus. » J'ai juste su qu'il serait là après tout, comme tout le reste de la bande. Le Lipstick est peut-être le repère des démons, mais le P3 tout le monde sait que c'est leur repère. Avantage pour nous : personne ne sait pour le Lipstick. Peu importe. Je le fixe en ayant envie de lui dire qu'à ce petit jeu là, il ne pourra pas gagner. J'en profite pour le détailler de la tête aux pieds dans la nuit noire. La lumière des quelques lampadaires de la ruelle dessine des ombres sur son visage. Comme quand je nous ai téléportés chez lui. Putain c'est dingue que je me souvienne de tout ça maintenant ! J'ai croisé les bras sur mon torse avant qu'il ne reprenne la parole. « Je veux que tu disparaisses de ma vie. Je sais que c'est moi qui te pourchasse ce soir, mais c'est juste pour te dire ça. En parlant de politesse. Tu crois que c'est poli d'abuser de la faiblesse de quelqu'un pour l'abandonner ensuite sans dire au revoir ? C'est ça ton délire ? Tu joues avec les gens pour continuer ta vie après ? Je trouve ça dégueulasse. » Durant son discours, j'ai cru que j'avais des hallucinations. Résultat à la fin, je n'ai pas pu m'empêcher de rire légèrement, même si j'ai réussi à contenir le maximum. Est ce que j'ai bien compris ce qu'il vient de dire ? Est-ce qu'il ne me reproche pas plutôt d'être parti le lendemain matin ? C'est la meilleure ! C'est quoi son problème ? Je me suis forcé à mettre un mur entre lui et moi à ce moment précis. Il est clair qu'il veut aborder le sujet tant redouté -c'est à dire notre baise de l'autre nuit- mais le problème c'est que je n'en ai pas envie. Du coup, ce cirque va s'arrêter maintenant. « T'as fini ? Non parce que là tu ressembles à une vierge effarouchée ça fait peur ! Tu voulais peut-être que je prépare le petit-déjeuner aussi ? Je suis un démon tu l'as oublié ? Ah et comme tu as fait tout ce chemin à une heure où tu devrais être couché pour me dire de disparaître de ta vie, comme je suis dans un bon jour, je vais te faire plaisir. Adieu Jenkins ! » Toujours ce même rire moqueur au visage, j'ai fait demi en poursuivant mon chemin qu'il a interrompu en s'amusant à jouer à Colombo. J'ai fait quelques pas. Je ne lui donne pas trente secondes pour trouver un moyen de me retenir et je dois avouer qu'au fond de moi, j'espère qu'il le fera.

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