MARIE & AVENNE

« Et toi, t'a déjà mangé une glace avec un fondateur ? (a) »

« Et la prochaine étape, c’est quoi ? » Non mais regardez-le, avec son air désinvolte, sa petite chemise de chez Ralph Laurent, ses petites chaussures vernis brillantes comme le soleil. Croyez-moi, malgré la distance, j’entendais absolument très bien sa conversation depuis la table ou je buvais tranquillement mon chocolat chaud dans la cafeteria de l’université cette après-midi-là. J’observais Liam – mon protégé - à quelques tables de différences. Lui et sa bande de copains débiles me faisais facilement halluciner, mais là, je devais avouer qu’ils étaient au summum de la connerie sans vouloir mentir. Ils parlaient des filles, et pas de n’importe lesquels, « les bombes sexuelles de l’université », « les filles bonnes à baiser », comme ils aimaient les qualifier. En mon temps, on parlait des demoiselles avec un plus de respect ! A un moment donné, j’aurais bien quitté ma chaise pour enfoncer mon gobelet dans la gorge de l’un de ces types pour l’obliger à la fermer cinq minutes, mais comme toujours, je tiens à ma réputation, et je n’ai aucune envie d’être vue comme la malade mentale de service. Toujours dans ma poursuite de la popularité, je m’étais habillé d’un débardeur de couleur marron que j’avais accompagné d’un pantalon blanc qui mettait en valeur mes hanches et mon fessier et d’une belle doudoune blanche de chez Kaporal, bref, des vêtements qui mettaient en valeur ma beauté incommensurable. Pour en revenir à la conversation très animée de Liam, je remarquai tout de même son silence aux commentaires les plus irrespectueux que je qualifiai moi-même de « répugnant ». Peut-être n’était-il pas aussi terrible qu’il en avait l’air, au moins sur ce point. Il se contentait de rire aux moqueries et aux commentaires des garçons sur certaines filles, mais il ne donnait pas réellement sa propre opinion sur leurs différents propos. Je me décidai à bouger mes fesses de la cafeteria, j’en avais suffisamment entendu pour la journée, et je devais de toute façon rejoindre Marie le soir-même, je me devais donc de quitter l’université pour arriva jusque mes oreilles : « Non mais regardez-moi ce cul les mecs ! ». Commentaire de trop, je vous assure ! Effectuant un demi-tour sur moi-même, je marchai en direction du porteur de ce commentaire totalement inadmissible. « Ah oui tu fais le malin devant tes copains. Mais tu vois ce beau popotin » Et là, j’ai tapoté de ma main droite ma fesse droite sans quitter des yeux le petit copain de mister Blackbird en ajoutant : « Il te dit de laisser tomber tout de suite, parce que t’a absolument aucune chance, espèce de crétin ! » Sauf que là, j’étais loin d’imaginer ce qui allait m’arriver ensuite. Pendant le blanc énorme qui suivit mes paroles pas franchement très éloquentes, les petits potes de Liam se mirent à exploser de rire. Je me sentais vraiment insulté, et je n’étais pas prête à me laisser faire. Je me préparai à lancer un sarcasme quand Liam vint se tenir devant moi avant de mettre une main sur mon épaule pour me dire d’un ton moqueur et étrangement calme : « Tu vois Avenne, c’est dans ce genre de moment que tu devrais vraiment penser à changer d’université. Tu n’es pas le centre du monde, et ta quête de la popularité va être VRAIMENT difficile si tu commences comme ça. » Il pointa du doigt quelque chose derrière moi. Je ne comprenais sur le moment absolument pas ou il voulait en venir, quand je me retournai pour voir la chose ou la personne qu’il m’indiquait : la prof de musique, jolie, mais dotée d’un fessier imposant. Les rires derrières moi se multiplièrent. Je me retournai sur Liam qui m’observait avec son air sarcastique et détestable habituel. « Et avoir trop de fierté, pour si peu de beauté intérieure, est une chose qui ne devrait pas exister. » Je ne sais pas si la portée de mes paroles eut des conséquences sur lui, mais son visage sembla d’abord se radoucir puis faillit tendre vers la décomposition. En tout cas, moi, je n’avais plus rien à lui dire. Finalement, j’aurai pu avoir honte de cette situation, mais les paroles de Liam me rappelèrent à quel point être l’Être de lumière d’un cas comme lui n’allait pas être une mission facile.

Bref. J’allai faire quelques courses dans une supérette du coin pour la petite soirée qui s’annonçait avec Marie. J’avais hâte de rejoindre la fondatrice pour me régaler des glaces et me délecter de la bouteille de champagne que je venais d’acheter. J’avais décidé de ne pas faire de détour par chez moi, mais plutôt de faire quelques boutiques pour m’acheter quelques chaussures supplémentaires, ne résistant pas à la belle vitrine de chez Louboutin. J’éprouvai tant de satisfaction à acheter des produits de luxe, c’était peu dire. Plus tard quand le soleil tomba enfin sur la ville de San Fransisco, je reprenais ma voiture, une ford pinto de collection, l’une des deux voitures en ma possession. Après avoir parcouru quelques kilomètres, avoir franchi de nombreux feux, j’arrivai enfin à l’appartement de Marie. Ramassant ma bouteille de champagne sur le siège passager et mon sac à main, je refermais la portière avant de rejoindre la porte d’entrée. Je sonnai à la porte, et j’attendais qu’elle vienne m’ouvrir avec impatience. Voir Marie me remontait chaque fois le moral. Lorsqu'elle ouvrit la porte, je lui balançais un « TADAM ! » , levant ma bouteille de champagne bien haut pour qu'elle la voit, avec mon plus beau sourire.

Le balai à la main, Marie passa une main, signe de satisfaction. Elle regarda son appartement, enfin propre, et hésita même à prendre la pièce en photo. Cela faisait plus d’une semaine que Marie n’avait pas trouvé de temps pour ranger son petit coin de paradis, et il est vrai que le désordre commençait à prendre une grande place. Elle avait donc pris son courage à deux mains, et elle avait nettoyé chaque pièce du sol au plafond, autant ne pas faire les choses à moitié.
Fière d’elle, elle prit la direction de la salle de bain et se fit couler un bon bain chaud avec énormément des bulles, et passa une bonne demi heure à barboter. Elle finit par sortir avant d’être toute ridée, et prit quelques minutes pour choisir ce qu’elle allait porter le soir même. Avenne passerait la soirée avec elle, et même si elles ne comptaient pas sortir, elle voulait être, un minimum, présentable. Elle finit par opter pour une tunique bleue océan avec des coulants couleurs chair et se passa une fine couche de maquillage, ni plus ni moins que d’habitude.
Lorsque Marie jeta un coup d’œil vers son horloge, elle s’aperçut qu’il était déjà 19h, et elle se hâta de faire cuire quelques pizzas, qu’elle avait acheté le matin même, et déposa quelques films sur la table basse, qu’elle choisirait avec son amie dans quelques minutes.
En parlant d’Avenne, quelqu’un sonna à la porte alors que la fondatrice sortait à peine les pizzas du four, et elle se précipita vers l’entrée « Tadam » Avenne, c’était tellement bon de la voir. Elles passaient toujours de très bons moments ensembles, à se raconter leurs histoires actuelles, ce qui allait, ce qui n’allait pas, pleurer devant un bon film, se moquer, et même parfois critiquer. Elles n’étaient plus seulement des êtres venant des cieux, mais juste des « jeunes » femmes, passant un bon moment. « Avenne ! Je suis tellement contente de te voir ! J'ai tellement de chose à te raconter.; » Dit-elle, en se poussant de l’entrée pour faire entrer son amie. « Tu n’aurais pas du, on va encore être soule » Rigola-t-elle, en prenant la bouteille de champagne que lui tendait son amie. Marie se demandait si ce n’était pas interdit de boire de l’alcool, mais elles sont loin d’être alcoolique, donc il ne devrait pas y avoir de mal. Elle lui prit ensuite son sac et sa veste, les posa sur une chaise libre, puis lui proposa une part de pizza avant d’en prendre une elle et l’invita à s’assoir. « Bon alors, racontes moi un peu. Comment ça se passe avec Liam ? » Demanda-t-elle. Mais, elle se rappela qu’elle allait de nouveau oublier de lui donner quelque chose, qu’elle aurait du lui donner déjà depuis quelques temps maintenant, mais qu’elle oubliait toujours de lui donner. « Ah ! Avant que j’oublis et après tu me raconteras ce que ton protégé devient » Marie se leva donc et se dirigea vers sa chambre pour prendre une boite qu’elle avait déposé sur son lit. Elle revient dans le salon en faisant un détour dans la cuisine pour prendre deux verres, et attrapa la bouteille de champagne avant de rejoindre son amie « Comme ça fait 86 ans et de poussières que nous nous connaissons, j’ai décidé de fêter ça … Bon d’accord, en faite quand je l’ai vu je me suis dis que tu allais adorer » elle prit ensuite la bouteille de champagne, remplit les deux coupes, et regarda son amie ouvrir le cadeau.

« La petite bouille de Marie juste devant moi me donnait envie de lui sauter dans les bras. Elle avait beau avoir des centaines d’années de plus que moi, j’avais toujours l’impression d’avoir affaire à une jeune femme mature à la fleur de l’âge, enfin, vous me comprenez. « Avenne ! Je suis tellement contente de te voir ! J'ai tellement de chose à te raconter.» J’avançai de quelques pas à l’intérieur de son appartement pour la laisser refermer la porte derrière moi, tenant toujours ma bouteille de champagne fermement dans ma main droite. On n’allait tout de même pas faire tomber une si bonne bouteille ! « Tu n’aurais pas dû, on va encore être soule ». Je me retournai vers elle tandis qu’elle me débarrassait de la bouteille. J’offrais encore et toujours mon plus beau sourire à la jolie blonde : « Tu m’en diras tant ma belle ! De toute façon, ce soir, on ne bouge pas d’ici, on peut bien se permettre de vider une bouteille ou deux de temps en temps ! Je retirais ma veste et donnais mon sac à main à Marie avant de jeter un coup d’œil à son appartement. Je remarquai que le ménage avait été fait assez récemment, à en juger par la propreté des meubles et par l’absence d’objets en tout genre qui aurait donné le titre « d’appartement en bordel » au petit logis de Marie. Je me demandais si elle avait fait le ménage sachant que j’allais passer la soirée chez elle. Je pensais à ma propre résidence qui avait pour habitude de ressembler à un véritable océan d’immondice. Il y a bien la femme de ménage qui passe une à deux fois par semaine – lorsque cela est nécessaire – mais voyez-vous, je suis une jeune femme bien plus désordonnée qu’on ne l’imagine qui déteste dépoussiérer et encore moins faire la vaisselle. Lorsque des gens viennent me rendre visite, j’ai parfois tellement honte de l’état de ma résidence que je laisse les visiteurs sonner plusieurs fois à ma porte, simulant être absente. Bon après, on ne peut pas toujours empêcher tout le monde de rentrer, notamment Marie qui a comme moi la faculté de se téléporter ou bon lui semble. J’observais sa tunique, l’analysant de haut en bas. Avec quelqu’un d’autre, cette analyse aurait pu passer pour une provocation. Toutefois, avec le sourire qui accompagnait « mon analyse » vestimentaire de Marie, je montrai ni plus ni moins que j’appréciai la façon dont elle était habillé. Marie m’offrais une part de pizza que je pris délicatement dans ma main, évitant de faire tomber l’olive sur le point de se détacher. Les olives, je n’aimais sa que sur un pic décoratif posé dans un cocktail. Je me forçais à la manger, n’appréciant pas les olives noir, m’asseyais sur une chaise, et portait à mes lèvres la part de pizza qu’il me tardait de gouter. « Bon alors, racontes moi un peu. Comment ça se passe avec Liam ? » . A cette question, je faillis m’étouffer. Je me mis à tousser à deux ou trois reprises, avant de réussir enfin à avaler le morceau de pizza qui me restait en travers de la gorge. « Ah ! Avant que j’oublie et après tu me raconteras ce que ton protégé devient » Marie passait du coq à l’âne, et cela me faisait plutôt rire. Je n’avais vraiment pas envie de parler de mon protégé tout de suite, il m’avait suffisamment agacé tout à l’heure, rien que de penser à lui pouvait me donner de l’urticaire d’une seconde à l’autre. Je murmurais, d’une façon qu’elle ne pouvait pas entendre ce que je disais « Liam est une bourrique dont je n’ai absolument pas envie de parler.» Pendant qu’elle allait chercher je ne sais quoi dans sa chambre, j’allais me laver les mains dans le lavabo de la cuisine avant de m’essuyer les mains à l’aide du chiffon qui pendait près de sa cuisinière. Quand je retournai à ma place, je croisai Marie qui se dirigeait vers la cuisine pour prendre deux verres. Elle portait une boite dans sa main. D’un sourire, je lui disais avant de reprendre ma place : « Hmmm qu’est-ce que c’est ? » De retour de la cuisine, Marie me donna la boite en question. Les yeux complètement illuminés, j’étais impatiente de voir ce que j’allais trouver à l’intérieur. « Comme ça fait 86 ans et de poussières que nous nous connaissons, j’ai décidé de fêter ça … Bon d’accord, en faite quand je l’ai vu je me suis dis que tu allais adorer » Haaaan, tellement adorable. Avant-même d’ouvrir la boite, je quittai la chaise pour poser mes mains sur ses deux joues pour lui coller un gros bisou sur la joue droite avec un gros « Mmmouah ! » en guise de remerciement. « Marie t’es un ange et je dirais même plus si j’étais un homme ! D’ailleurs, toi, t’a des choses à me raconter ? Je veux tout savoir là, me fait pas languir ! » Encore une fois je retournai à ma place, et j’ouvrai la boite, un sourire immense sur les lèvres, comme-ci Marie venait de m’offrir le trésor caché des Templiers.